Sublimer le métal !

Matériaux et savoir-faire
27 avril 2022
Echantillon Hopfab de cuivre usiné et de laiton martelé par des artisans serruriers

Dans le cadre de notre workshop du 14 avril, nous avons eu le plaisir d’accueillir François, un artisan spécialisé en métallerie, serrurerie et ferronnerie d’art ! La priorité de l’atelier : la qualité du travail avec le plus haut niveau de finition !

Lors de ce workshop, François nous a présenté les différents types de métaux avec leurs avantages, caractéristiques, rendu et résistance au fil du temps, ainsi que les différentes finitions créative d’états de surface du laiton !

Présentation de l’ atelier

Basé à Reims dans le Nord-Pas-de-Calais, l’atelier est composé d’artisans aux multiples compétences (ébéniste, ferronnier, serrurier, apprenti). Il s’insère également dans un pôle artisanal comprenant de la métallerie, un atelier d’agencement, un ébéniste et une agence d’architecture, leur permettant de répondre à une variété de projets.

L’atelier déjà membre des Ateliers d’Art de France, vise dans les années à obtenir le label Entreprise du Patrimoine Vivant.

Les secteurs d’intervention

L’atelier intervient pour :

  • du mobilier,
  • des projets de décorations : aménagement de restaurant, de commerce, particulier
  • de l’architecture : projet de métallerie et de serrurerie
  • de la restauration de patrimoine

Les finitions sur les métaux

Quand on parle de finitions sur les métaux, il faut les séparer en 2 grandes catégories :

  • Les métaux ferreux :

En gardant les matériaux bruts, il est possible de réaliser des choses créatives !

À l’intérieur : La tôle laminée à chaud.

Le laminage à chaux est un procédé de fabrication des aciers qui génère une calamine de surface sur le métal et qui permet de réaliser des créations brutes. Il est important de toujours protéger le métal afin d’éviter la corrosion.

À l’extérieur : Le corten.

C’est un alliage d’acier avec du cuivre qui naturellement se corrode et prend une couleur rouge brique. Le cuivre permet de stabiliser la couche d’oxydation et de protéger le métal.

Question : Peut-il y avoir des coulures ?

“Surtout au début, il peut y avoir des coulures. Il n’y a pas vraiment de moyen pour figer le corten. C’est un de ses inconvénients.”

L’inox miroir

C’est un alliage auquel on ajoute du chrome permettant de le rendre inoxydable sous certaines conditions. Il peut également être utilisé à l’intérieur et laisse libre cours à la créativité (création de formes, de reflets, de déformations).

C’est un matériau que l’atelier reçoit soit en tôle lisse, fine et déjà polie ; soit déjà texturé avec des formes d’ondes aquatiques.

Son avantage : Aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, l’inox ne s’oxyde pas. Mais il est très sensible aux rayures.

  • Les métaux cuivreux :

Dans les métaux cuivreux, on retrouve : le cuivre, le laiton et le bronze.

Avantages des métaux cuivreux : Le métal est assez malléable. On peut le travailler de différentes manières, réaliser des formes complexes, le fondre, etc. Il est possible de jouer avec l’oxydation qui est stable sur toute la surface du métal.

Les patines

La patine est une oxydation de surface du métal créée directement en atelier avec des acides. Il est possible de générer des oxydations de différentes couleurs. Il existe deux grandes catégories :

  • Les patines à chaud : Elles s’appliquent sur des pièces chaudes.

Les avantages :

Permet de créer une large palette de couleurs.

Bonne tenue dans le temps, à l’environnement.

Application sur des objets en volume.

Possibilité d’ajouter des pigments minéraux.

Les inconvénients :

Procédure de chauffe pas adapté à toutes les pièces (pièces déjà plaquées, massives, multimatériaux).

Déformation sur des pièces fines.

Difficulté à retranscrire et à répéter l’envie d’un client.

Procédé relativement long.

  • Les patines à froid

Les patines à froid sont souvent utilisées pour tous les aspects vieillis et notamment sur de la réparation pour se rapprocher d’une oxydation existante.

Les avantages :

Teintes d’oxydation plus naturelle.

Adapté aux grands formats et grandes surfaces.

Les inconvénients :

Palette de teinte plus limitée.

Moins résistant et protection plus superficielle comparée à la patine à chaux qui est une oxydation plus en profondeur.

La patine évolue dans le temps, il y a donc tout un travail de conseil selon l’usage de l’objet à patiner !

Les textures

Le travail de texture est aussi important que le travail de patine. Selon la texture du support, la patine n’aura pas le même rendu. Il existe deux grandes familles de textures :

  • La texture martelée :

Réalisée mécaniquement par action de déformation, la texture martelée permet de créer des textures profondes.

Les inconvénients du martelage :

Obligation de travailler sur des épaisseurs assez conséquentes ; ne se prête pas à toutes les applications ; difficulté à retranscrire et répéter l’envie d’un créateur.

  • La gravure :

C’est un dérivé d’une technique d’imprimerie appelée la gravure à l’eau-forte.

Le procédé avec application d’un vernis :

L’atelier utilise une pièce de métal, en général une tôle de cuivre ou de zinc, puis la recouvre de vernis (qui protège contre les attaques acides). En grattant le vernis, l’atelier crée le motif.

La tôle de métal est ensuite trempée dans l’acide ainsi toutes les zones grattées se creusent.

Il est possible d’utiliser cette technique pour faire de l’impression, de la signature ou réaliser des objets décoratifs.

Autre procédé en cours de développement :

L’atelier développe un nouveau procédé en utilisant le numérique. Ce procédé permet de reproduire par gravure des designs dessinés sur ordinateur (par exemple : motif, logo, signature de marque de fabrique).

Avec cette technique, l’atelier peut graver sur de très grandes surfaces et sur des pièces en volumes.

Les finitions

Pour stabiliser ou éventuellement faire briller une patine, il est préférable d’utiliser un mélange d’huile de lin et de térébenthine ou de la cire d’abeille.

Question : Quelles sont les différentes propriétés de l’huile de lin, de la térébenthine et de la cire d’abeille ?

“L’huile de lin est une huile qui a des propriétés naturellement siccatives, c’est-à-dire qu’au contact de l’air, elle crée un film polymère naturel qui protège de la corrosion. C’est un polymère naturel qui est beaucoup moins résistant qu’un polymère polyuréthane chimique puisqu’il se dégrade dans le temps, il est sensible aux UV, à l’abrasion et aux essuyages.

La cire d’abeille apporte de la brillance et crée une matière qui est polissable.

La térébenthine, issue de la résine de pin, est le solvant qui permet de lier.”

Le prix

Le prix des matériaux :

“Aujourd’hui sur la fourniture d’acier, mes devis sont valables 4h. Du matin à l’après-midi, les prix peuvent changer.”

Hiérarchie du coût des finitions :

Le temps de travail est facturé aux alentours de 55 jusqu’à 70€ de l’heure selon la technicité.

Il est possible de cumuler les finitions.

Pour une petite pièce patinée, pour 1 à 2h de travail, il faut compter 150€ de main-d’oeuvre.

Question : Quelles sont les étapes pour faire du poli miroir ?

“On reçoit la tôle d’acier brut de laminage. Selon les rayures sur la tôle, on prend le plus gros grain de ponçage pour pouvoir supprimer la rayure. On monte les grains un par un. À chaque fois que l’on change de grain de ponçage, on efface les rayures de l’étape d’avant. Typiquement sur des tôles en laiton : on va commencer par un grain 120 puis 240, 400, 800, 1000, 1500. On peut aller jusqu’à 2500 à l’eau. Ensuite on crée un miroir en utilisant la pâte à polir.

On peut aussi travailler des miroirs laiton : aspect miroir avec le côté jaune que l’on peut légèrement vieillir pour avoir des nuances de vieillissement.”

Environnement / RSE

Patines

  • Remplace la peinture : L’atelier n’utilise aucune peinture ni aucun solvants.
  • Pas d’eau de rinçage : Pour toutes les patines sauf les patines à froid.
  • Finitions naturelles : huile de lin, thérébentine, cire d’abeille.
  • Cycle de vie d’un produit d’exception.
  • Faibles quantités, pas de déchets.

Gravure

  • Utilisation d’Acide Nitrique uniquement : L’atelier utilise l’acide nitrique dans des conditions d’extraction de vapeur et des conditions de sécurité et de protection de la personne correcte.
  • Réutilisation à 100% du produit de la réaction en patine (nitrate de cuivre) : le produit de la réaction de l’acide nitrique avec le cuivre est du nitrate de cuivre qui est l’ingrédient de base des patines.
  • Cycle de vie d’un produit d’exception.
  • Peu d’eau de rinçage.
  • Faibles quantités.

Questions / réponses

Quels sont vos délais ?

“On a l’avantage d’être un petit atelier qui sait répondre assez rapidement à beaucoup de choses. On n’a aucun problème d’approvisionnement (par exemple pour le laiton : livré en 1 semaine).

Le nerf de la guerre dans ces projets et ce qui prend du temps : c’est l’échange avec le client et la définition du projet. Les rendus et les ressentis sont subjectifs donc cadrer le choix du client est difficile.”

Combien de temps faut-il pour créer une patine ? Un architecte peut-il venir à l’atelier et voir en temps réel la réalisation de la patine et avoir le résultat ?

“Oui c’est possible. L’idée est de créer une matériauthèque pour montrer tout ce qui est possible de faire, mais quasiment chaque patine est unique. Avec une image de référence, on crée des échantillons, et le client choisit l’échantillon qu’il préfère.”  

Quelles sont les dimensions et les limites ?

L’atelier reçoit les tôles en 3 formats  :

  • 2m x 1m
  • 2,50m x 1,25m
  • 3m x 1,50m

Suivant les procédés, il y a des limites de taille. Par exemple : il n’est pas possible de proposer un martelage sur une tôle 3m x 1,50m, mais il est possible d’appliquer une patine à froid.

Vous faites la fourniture et la pose ?

“Oui, tous les artisans à l’atelier posent ce qu’ils fabriquent. Il en est de même pour les prises de côtes, la modélisation et les plans d’exécution.”

Vous fixez sur quel type de support ? Par exemple, si c’est une application murale ?

“Pour appliquer une tôle directement sur un mur, on peut faire du collage. Sur n’importe quel support, on peut faire du collage.”

Les typologies de projet les plus fréquentes ?

Principalement mobilier et décoration d’intérieur. Mais également de l’aménagement de restaurant, de librairie et d’appartement.

Faites-vous des verrières en laiton ?

“Oui c’est possible. On peut aussi faire de la menuiserie en laiton à rupture de pont thermique.”

Une des contraintes des métaux cuivreux par rapport à l’acier ?

“Les procédés de soudures sont beaucoup plus complexes. En général on privilégie un assemblage mécanique sur tous les projets.

Dès que c’est du laiton, on opte pour un assemblage mécanique pour deux raisons :

  • la complexité de la soudure
  • la complexité de la réalisation de pièces en volume”

Vos projets sont localisés où principalement ?

“Globalement notre clientèle est localisée à Paris, le nord de Paris, la métropole Lilloise, le Touquet. Pour les projets à l’autre bout de la France : possible mais c’est plus de la sous-traitance à cause des contraintes budgétaires.”

On espère que vous aurez apprécié ce workshop sur la résine et les matériaux composites ! Pour être informé des prochains workshops, n’hésitez pas à vous inscrire à notre newsletter !

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