Lave émaillée : la pierre naturelle volcanique

Matériaux et savoir-faire
28 juin 2019
lave émaillée rouge HOPFAB

Il y a des millénaires plusieurs volcans entraient en éruption engendrant des écoulements de lave qui, au fil du temps, se sont solidifiés. C’est alors qu’est apparue la lave : la pierre naturelle volcanique. Située au cœur de l’Auvergne, le Massif Central est une région de France marquée par son paysage volcanique et qui bénéficie de roches diverses aux fonctions multiples.

L’origine de la lave émaillée

Notre connaissance de la lave émaillée remonte au 19ème siècle lorsque Gaspard de Chabrol (1773 – 1843) – Préfet de la Seine et originaire de Volvic à l’époque – décide d’utiliser les carrières d’Auvergne afin de réaliser des pavages de trottoirs pour la ville de Paris. Au fur et à mesure qu’il découvre ce noble matériau, il va se rendre compte que son utilité ne s’applique pas uniquement au génie civil mais également à l’art, et plus précisément à la peinture.

Il faudra cependant attendre l’arrivée de Ferdinand Henri Mortélèque (1775 – 1842) – chimiste et peintre sur porcelaine né à Tournai (Belgique) – pour que cette technique prenne de l’ampleur et que la lave émaillée s’établisse comme un support élégant dans l’univers de la peinture. Dès lors, de nombreux autres artistes vont s’approprier cette technique pour réaliser des vases, façades de monuments, horloges et même les plaques des rues de Paris.

Il est intéressant de noter que la lave émaillée était traditionnellement employée dans les réalisations urbaines comme les tables d’orientations, les panneaux de signalisations Michelin, les plaques de rues de Paris.

Le premier artisan qui a travaillé la lave émaillée était Maurice Seurat qui implanta son atelier directement en Auvergne, au plus proche des carrières. Il a connu un succès incommensurable qui l’a amené à exporter ses réalisations dans le monde entier.

Techniques

A ce jour, les volcans d’Auvergne ne sont plus actifs mais les ressources qu’ils ont laissé derrière eux sont devenues une matière première pour certains artisans. L’extraction de cette matière première se fait à l’aide d’explosifs.

Une fois qu’on a obtenu ces gros blocs de pierre à l’aspect très sombre parsemés de petites alvéoles, on les amène en usine afin qu’ils soient découpés en plaque aux dimensions voulues à l’aide d’une scie à ruban.

L’artisan va être amené à retravailler ces plaques (ou blocs) de lave avec des techniques de ponçage et façonnage afin de créer une surface adaptée à la pose des émaux. Les supports sont ensuite engobés afin de reprendre les aspérités de la pierre puis mis en cuisson à 980°C (pendant 8 à 10h). Ce processus a pour but d’obtenir des surfaces planes et homogènes.

Emmanuel réalisant les dernières préparations avant la phase d’émaillage – ©Denis Grudet

L’émailleur va alors pouvoir passer à la phase d‘émaillage des supports. Plusieurs techniques sont possibles et souvent associées pour obtenir le rendu souhaité.

Emmanuel appliquant la méthode du cloisonné sur son support – ©Denis Grudet.

Dans la palette des techniques d’émaillage, on retrouve en premier lieu la technique dite du « cloisonné » qui consiste à appliquer les émaux au goutte-à-goutte sur la pierre de lave afin de laisser apparaître le motif préalablement dessiné sur le support.

En second lieu, on retrouve la technique du pistolet, employée dans la réalisation de grandes surfaces de lave. Elle s’effectue par la pulvérisation et la juxtaposition de différentes couches d’émail.

En troisième lieu, on retrouve la technique de la « couleur à peindre » qui pourrait s’apparenter en quelque sorte à la technique de la peinture à l’huile.

Emmanuel prépare la phase de cuisson des différentes plaques de lave – ©Denis Grudet.

D’autres techniques complètent ce savoir-faire telles que la sérigraphie, la gravure…

C’est seulement après cuisson que les couleurs se révèlent et qu’elles laissent  apparaître un aspect craquelé (faïençage) plus ou moins marqués s’expliquant par le fait que l’émail a un coefficient de dilatation supérieur à celui de la lave.

Un matériau éternel

Vous l’aurez compris, la lave est un matériau noble offrant de nombreux champs d’application à la fois décoratif et artistique de par la technique de l’émaillage.

Mais au-delà de ses caractéristiques visuelles, on lui accorde également des propriétés techniques sans pareil.

Crédit photo : Thibault Pousset

En effet, la lave émaillée est un matériau résistant aux intempéries comme le gel, les fortes chaleurs, l’exposition aux UV, aux acides et aux corps gras. Elle est également imperméable à l’eau ce qui permet de l’intégrer en intérieur qu’en extérieur. Résistante aux impacts du temps, elle est aussi pratique lorsqu’elle est utilisée en plan de travail. Tout ceci rend donc son entretien très simple et avantageux puisqu’un simple coup d’éponge suffit pour nettoyer le support.

Un support visuel riche

La lave émaillée est un matériau doté d’une résistance sans égale et facile d’entretien permettant des réalisations aux teintes les plus variées. Elle plait de par son originalité et la connotation de noblesse qu’elle apporte à votre décoration. Car oui, la lave émaillée est un élément peu commun qui apportera de la luminosité et une touche esthétique incomparable. En effet, grâce aux émaux les couleurs prennent une toute autre ampleur offrant une finition en profondeur, accentuée par la brillance du matériau. Ces variations de coloris, de techniques… font que la lave émaillée peut s’accorder à tous les styles de décoration d’intérieur, du contemporain à l’industriel.  

Nuancier d’un artisan labellisé Hopfab – ©Denis Grudet

La technique de lave émaillée n’est pas récente. Déjà utilisée au 19ème siècle dans le génie civil, elle s’est ensuite déclinée en métier d’art. Elle reste cependant méconnue du grand public malgré ses caractéristiques incroyables. Mais son réel avantage se trouve dans son champ des possibles d’un point de vue esthétique car l’artisan est en capacité de jouer sur les couleurs, motifs et techniques afin de créer un support unique pour le client.

La lave émaillée est donc un matériau noble procurant une distinction par la rareté mais reste encore très peu utilisé par les artisans de nos jours. C’est pourquoi nous sommes heureux de pouvoir compter parmi nos artisans de talents : Emmanuelle et Emmanuel !

Projet réalisé pour Maison Sarah Lavoine par les artisans Hopfab – Photos : Thibault Pousset

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Crédits : ©Denis Grudet

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